Portrait de Star : le Monarque
Publié le 3 Septembre 2016
Aujourd’hui Bét à fé endosse la casquette et surtout le micro de journaliste. Elle part interviewer une des stars les plus adulées parmi les papillons de la famille des Nymphalidae, le monarque (Danaus plexippus).
Bonjour Mademoiselle Danae. Tout d’abord merci de m’accorder cette interview pour la rubrique people du magazine Star Bzz. Nos lecteurs aimeraient apprendre à mieux vous connaitre et comprendre ainsi les clés de votre succès.
D’une taille relativement imposante (8.6 à 12.4 cm), arborant de belles couleurs vives à la fois au stade chenille et au stade adulte, vous êtes d’une remarquable beauté. Pensez-vous que celle-ci soit à l’origine de votre succès ?
A l’origine, non je ne le pense pas. Nous avons en effet certaines particularités morphologiques qui nous distinguent de certaines autres espèces. Je reconnais par exemple que notre chenille bariolée de noir, blanc et jaune est plutôt amusante avec ses deux paires de filaments noirs. Nos ailes orange cernées de noir et ponctuées de taches blanches sont elles aussi attractives aux yeux des humains. Elles signalent cependant aux prédateurs notre toxicité. Cette particularité est issue d’une hygiène alimentaire très stricte. En effet, dès leur sortie de l’œuf nos chenilles dévorent les feuilles des plantes de la famille des asclépiadacées. Ces belles plantes à fleurs rouges et jaunes contiennent des composés toxiques. Notre chenille est capable de les déguster et devient ainsi elle-même non comestible pour les prédateurs.
Vous venez d’évoquer rapidement l’aspect que vous aviez lorsque vous étiez plus jeune, la forme de chenille. Pourriez vous expliquer à nos lecteurs un peu plus précisément comment s’est déroulée votre enfance et la véritable métamorphose qui l’accompagne.
Et bien j’avoue que j’ai eu beaucoup de chance. Je suis née au Prêcheur, dans une belle parcelle d’herbe à ouate (Asclepias curassavica) entretenu par un agriculteur/éleveur soucieux de maintenir notre espèce en Martinique. Ma mère avait donc l’embarra du choix pour pondre un à un ses œufs sur ces plantes. Sous la forme d’un petit œuf blanc je suis resté sous les feuilles pendant 4 jours. J’ai ensuite émergé sous la forme d’une toute petite chenille. Avec un appétit féroce j’ai dévoré toutes les feuilles qui se trouvaient sur mon passage afin de répondre à mes besoins phénoménaux en termes de croissance. Ainsi, en l’espace de 15 jours j’ai perdu 4 fois mon enveloppe (mue) pour devenir 200 fois plus grosse qu’à ma naissance. Ensuite est venue le doux temps de l’adolescence, attachée la tête en bas je me suis fabriqué mon cocon pour me transformer en chrysalide. Si vous saviez toutes les transformations morphologiques qui se sont opérées en moi pendant ces 15 jours durant lesquels je devenais adulte ! Contrairement aux apparences, ça n’était pas de tout repos ! Finalement j’ai réussi à m’extraire de cette enveloppe et à déployer mes ailes pour partir à la découverte de la Martinique. Durant de nombreuses semaines, j’ai pu voir du paysage !
Vous êtes en effet un grand sportif très endurant connu pour vos exploits de coureur de fond, quel est votre record personnel ?
Oh la la, mon record personnel est bien modeste comparé à celui de mes confrères américains capables de parcourir jusqu’à 4000 km pour passer l’hiver au chaud dans les montagnes du Mexique ! (Pour en savoir plus voir l’article de l’OPIE). Contrairement à eux qui voyagent sur de longues distances, nous, les Monarques martiniquais sommes sédentaires et donc très attachés à notre petite île que je ne quitterai pour rien au monde !
Quelle belle légende ; merci de l’avoir partagé avec nous. J’ai été, ainsi que tous nos lecteurs très honorée de rencontrer un papillon tel que vous ! Professeur dans des kits pédagogiques, actrice dans des évènements (mariages, baptèmes... www.danauspro.fr), compagne ponctuelle d’une balade ou amie quotidienne des jardins (cf donnons des ailes à nos jardin) vous êtes vraiment une espèce aux multiples facettes qui nous réserve encore bien des surprises ! Je souhaite donc à tous nos lecteurs qu’ils aient eux aussi la chance de vous croiser pour leur plus grand bonheur !